Churchill, Blanc comme neige.

Par 13 novembre 2015 Canada

Avant-propos : Ce qui va suivre n’est qu’une affaire de banquise, de phoques et de réchauffement climatique.

Salut les Smarties !

Je suis plutôt impatiente d’écrire cet article. Mais je ne sais par où débuter tellement j’ai beaucoup de mots à vous envoyer. Des mots qui dansent tout seul sur le clavier. J’annonce la couleur : nous avons vu des ours blancs. Des ours polaires sur la Baie d’Hudson. Vous allez penser que nous faisons une petite fixation sur les ours. Les Grizzlys, les ours bruns (et j’allais oublier les ours en guimauve. Noël arrive les Smarties !). Bref, en guimauve ou dans la toundra, on ne s’en lasse pas !

Je reviens à mes fameux mots qui dansent: banquise, ours, glace, toundra, chiens de traîneaux, neige, expédition. Le mot expédition prend tout son sens dès le début de notre voyage à Churchill. 48h de train à l’aller avec un couple d’australiens, 53h de train au retour avec un groupe de collégiens canadiens (collégiens en pyjama de toutes les couleurs, Pringles et iPhone à la main, enchantés des 8h de retard du train…). Nous avions choisi l’option sièges inclinables. No comment. Nous conseillons cependant vivement le train, car au fur et à mesure du voyage, nous traversons des paysages bien différents. Montagne, lacs, et grandes plaines. Quelques arrêts dans des villes sans âmes apparentes. J’ai sans doute été trop distraite par tout ça pour que Fab gagne sournoisement la partie d’échecs (mauvaise joueuse !).

10 thés, 8 pancakes  et 2 paquets de mini carottes plus tard, nous voici sur le quai de la gare de Churchill. Un autre monde. Nous sommes à 1000 km de Winnipeg. Petit point Google maps: Churchill est situé dans la province du Manitoba, à l’embouchure du fleuve Churchill,  sur la Baie d’Hudson. La province limitrophe, c’est le Nunavut, la terre des inuits, le grand nord, une région qui me fait rêver. Nous nous en rapprochons.
Churchill, c’est une petite ville d’environ 800 habitants, accessible en train ou en avion. Ou par voie maritime. Pas de routes ! Un hôpital, une école, une poste, un petit supermarché, un musée inuit et une très jolie gare. Pas d’asphalte sur la route. Un centre de recherche sur le monde arctique à 1h00 en voiture du « centre-ville ». Mais surtout, on prend un billet de train ou d’avion pour cette localité, en hiver pour observer les aurores boréales, en juillet/août pour faire du kayak avec les belugas et en octobre/novembre pour rencontrer les ours polaires.

Nous sommes donc en pleine saison touristique ! Au Canada, nous avons observé à plusieurs reprises que nous n’avons pas la même définition de « vous verrez, il y aura plein de touristes ». Certes, tous les hôtels et B&B affichent complet. Il n’empêche, les rues sont peu fréquentées. Peu de magasins de souvenirs.  J’ai cependant déniché quelques jolies cartes postales! La base.

L’ours polaire, c’est ce que nous sommes venus voir. Vaste sujet. C’est la « star » de la ville. C’est ici que sont tournés beaucoup de reportages animaliers. Nous avons d’ailleurs croisé des photographes et cameraman de la télévision canadienne. L’ours vit sur la banquise, se nourrit de phoques principalement. Son avenir est intimement lié à la banquise. Moins de glace, moins d’ours. Le réchauffement climatique entraîne la réduction de la superficie de la banquise , et de l’épaisseur des glaces , ce qui représente une menace pour la survie de l’ours polaire. La banquise fond à un rythme d’environ 4,6% tous les dix ans, et les populations d’ours ne viennent plus passer un ou deux mois sur la terre ferme en été comme auparavant. Ils sont maintenant sur la terre ferme pendant  5 à 6 mois. Ils reviennent aux alentours de Churchill juste avant que la banquise ne se reforme. Le phoque se faisant rare sur la terre ferme, l’ours doit donc chercher ailleurs sa nourriture, notamment en ville. Ce qui m’amène à vous parler de l’ambiance particulière de Churchill.
L’ours représente un réel danger pour les habitants. Il est fortement conseillé de déambuler dans la rue principale. De marcher en s’assurant de conserver une certaine visibilité (on évite les petits recoins) et de se joindre à un groupe dès que le soleil se couche. Le couvre-feu est à 22h00. Les rangers patrouillent la nuit pour faire fuir les ours. Des coups de feu claquent chaque soir. Pas d’ours tués rassurez- vous, il s’agit uniquement de les effrayer et de les éloigner de la ville. Autre particularité: les portes des maisons et des voitures ne sont en général pas verrouillées. Dans le cas d’une rencontre inopinée avec un ours, les solutions de repli sont toujours les bienvenues.

Comme dit plus haut, les ours polaires errent à Churchill durant les mois d’octobre/novembre. Attendant patiemment sur le rivage que la banquise se forme pour partir chasser sur leur terrain de jeux. C’est ce que nous avons eu le bonheur d’observer. Nous n’avons croisé aucun ours en ville. Et nous n’avons pas vraiment cherché la rencontre. Le premier soir à l’hôtel, estomac vide et doudoune sur le dos, nous nous apprêtons à sortir. Il est 21h45. Et puis, je ne sais pas …On s’est regardé, on a hésité. Nous avons ôté nos doudounes  (j’ai mis mes confortables chaussettes grises tricotées cocoon) et nous nous préparons un petit apéritif maison avec ce que l’on trouve dans nos sacs à dos. On sortira demain, plus tôt !

Il est temps à présent de vous narrer ces 7 heures, installés dans un bus blanc neige, perché sur des pneus de plus d’1 m de diamètre. La toundra défile sous nos yeux (nous sommes dans la zone de transition entre la toundra et la taïga).Le chauffeur conduit adroitement sur ce relief accidenté du grand nord. Relief particulièrement inhospitalier. Beaucoup de rochers et quelques sapins. Il a neigé dans la nuit. Avec Fab, on se dit naïvement que les ours seront plus compliqués à distinguer. Du blanc sur du blanc… Nous sommes vraiment naïfs. Nous avons vu les ours de très près, ceux-ci s’approchant avec curiosité du bus. Celui-ci est équipé d’une plateforme extérieure, une grille fait office de plancher. L’ours, un peu pataud, commence à renifler nos chaussures. Pas de sardines en vue. Il repart. Nous avons assisté à une chorégraphie de 2 maxi peluches. Une valse tantôt agressive, tantôt câline. Je n’en écrirais pas plus, nous avions nos appareils photos. Extraordinaire. La neige, en revanche, nous complique la tâche pour observer la chouette Harfang des neiges et le renard arctique.

A Churchill, en octobre, en dehors de la journée ours polaire, on passe de bons moments :

  • Moment fun : on va faire tamponner son passeport avec le tampon de la ville.
  • Moment  gastronomique : on va goûter au Coffee Shop Gypsy’s….
  • Moment culturel : on va visiter le musée esquimau. La vie des inuits a quelque chose de fascinant. Tu fais comment pour vivre dans un igloo ??
  • Moment science : on roule jusqu’au centre de recherche arctique. Et pour les voyageurs au long cours, il y a une possibilité de faire du volontariat.
  • Moment bol d’air : on se rend à Cape Merry ou encore sur la plage, à condition de ne pas être seul. On imagine bien que les ours flânent autour de la mer.

Le Cape Merry, nous en avons un souvenir glacial. Un vent polaire. Je n’avais jamais vu fab avec une écharpe. Là aussi, des rangers surveillent les alentours et proposent également une petite visite guidée. Nous faisons la connaissance d’un des rangers, Marc-André. La visite commence, nous sommes seuls sur cette pointe rocheuse. Marc-André nous raconte l’histoire du Cape, glissant de temps en temps un léger coup d’œil aux alentours. Et chemin faisant, nous voici invités le soir même à son entrainement bihebdomadaire de chiens de traineaux. Une douzaine de chiens qu’il entraine, non pas à visée touristique mais pour participer à des courses de chiens de traineaux dans la région. Et en attendant la bonne neige sur laquelle on peut faire glisser un traineau, il entraine sa meute sur un quad. Ce soir-là, on était 3 sur son quad (nous et Marc-André, avec son fusil). La toundra défile silencieusement autour de nous et mes doigts de pied commencent à geler les uns après les autres. Génial.

Si les ours polaires vous intéressent, je vous conseille de cliquer ici. Il s’agit du site wwf canada sur lequel vous pourrez lire et en apprendre sur le boss de la banquise. Pour conclure ce sujet « ours polaire », on peut aussi observer cet animal  à Spitzberg en Norvège. Mais plus difficilement dit-on. Merci à Sylvie et Bernard de l’association ABM de nous avoir guidé pour préparer ce voyage.
C’est lors de la traversée en ferry pour rejoindre Vancouver Island en Août que tout s’est joué. Avec une connexion wi-fi bancale , nous avons réservé nos billets in extremis. On est resté rivés sur l’écran pendant quelques minutes…et on a fait une danse de la joie lorsque la confirmation des billets est apparue ! Le mot expédition prend vraiment tout son sens.

Post-scritpum en aparté : Des citrouilles dans la neige …Nous étions en sécurité le soir d’Halloween : La police, les pompiers, les rangers veillent à la sécurité des petits canadiens. En ce 31 octobre, nous avons rencontré des ours en sucre dans les rues de Churchill, uniquement !

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5 Commentaires

  • Reply Marielle 21 janvier 2016 at 21:20

    Je suis gelée rien qu’en regardant les sublimes photos mais qu’est ce que ça fait envie quand même ;o)

  • Reply Lucieautourduglobe 10 janvier 2016 at 05:44

    J’ai eu beaucoup d’émotions en lisant cet article…

    • Reply Keep Cool & Travel 10 janvier 2016 at 16:47

      Merci …une expérience unique ..que l’on conseille !! A bientôt !

  • Reply Pierre POUJOL 2 décembre 2015 at 19:13

    Comme d’habitude de très belles photos et un excellent commentaire ( Anne-Claire : une vocation cachée de grand reporter ?)

    Cela donne envie d’aller voir !

    Bonne continuation et à bientôt sur le blog .

    Pierre

  • Reply Pierre POUJOL 2 décembre 2015 at 19:10

    Et nous qui avons si chaud à Paris et dans toute la France !
    Très belles photos comme d’habitude et félicitations à Anne-Claire pour le commentaire ( une vocation cachée de grand reporter ? )
    Bien entendu cela donne envie d’aller voir mais je ne suis pa

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